Mom Pépé
Pour Noël, maman m'a donné une boîte en bois ayant appartenu à mon grand-père maternel. Elle sait que j'aime les souvenirs de famille et les vieux papiers. A l'intérieur j'ai trouve ses papiers militaire et son dossier de la guerre 14-18 .
Mon grand-père, né en 1884, est parti à la guerre en 1914 et à eu sa première blessure, heureusement légère le 5 septembre 1915 : 2 petites plaies circulaires à la région scapulaire gauche. La radiographie montre un éclat d'obus entre 2 côtes. Le docteur Marcoux laisse en l'état et pronostique une cicatrisation rapide et décide que cette blessure ne gène pas le malade qui peut retourner au front!!! Il restera seulement 3 jours à l'hopital d'évacuation n°3 à Chalon sur Marne. Le 31 juillet 1916 il est victime d'un paludisme sévère avec rétrécissement hépatique et rénal. Pour cela il aura droit à une convalescence de 3 semaines et en souffrira toute sa vie. Le 24 septembre 1918 il sera gazé et bénéficiera de 10 jours de permission pour se remettre. Pour cette blessure il sera cité à l'ordre du bataillon "Animé du plus bel esprit du devoir, modèle de courage et d'énergie. Blessé dans l'accomplissement de son devoir..." Il sera décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire...
J'ai beaucoup de mal à imginer mon grand-père Piou-Piou, comme il disait. C'était un tout petit bonhomme avec des moustaches relevées, tranquille et gentil, passionné de chats. Il était artisan menuisier. Ma grand mère , plus grande que lui, une maîtresse femme, dirigeait la maison d'une main de maître. Il ne m'a jamais raconté sa guerre de 14-18, mais m'a beaucoup parlé de son service militaire à Constantinople dans la cavalerie.
Mes grands parents habitaient dans la même maison que nous et quand je me fachais avec maman, j'allais coucher chez eux, il y avait un petit lit dans leur chambre, et j'ai encore l'odeur d'eau de cologne de l'armoire et le souvenir des histoires qu'il me racontait dans le noir... A la fin de sa vie à cause des traces de la guerre, son foie ne fonctionnait plus et il se nourrissait de noix et de vin rouge... et m'envoyait lui acheter son litre en me donnant une pièce de 5 francs, et avec la monnaie je pouvais m'acheter ces merveilleux caramels à 1 centime. Tout cela en cachette de ma grand-mère qui ne laissait pas entrer de vin chez elle.
Il est mort quand j'avais 12 ans, et avec cette boîte tous les souvenirs de mon enfance heureuse, avec mon Pépé sont remontés. Et c'est un vrai bonheur